À la croisée des chemins, la narratrice de Voyances attrape au vol une double occasion : se faire tirer aux cartes et en faire le récit. Une sorte de jeu. Il faut dire qu’aller voir des voyants, c’est un peu une histoire de famille. Elle part donc à la rencontre de cartomanciens, de médiums et d’astrologues, et elle les écoutera. Pendant trois ans. Avec elle, on croisera l’Impératrice du tarot, figure féminine annonciatrice d’une création importante. On ira marcher dans le ciel astrologique, apprendre un peu à s’y repérer, entre planètes et maisons, rencontrer la Tête du dragon qui incarne son destin, se prendre d’affection pour sa Lune, créative mais fragile, on se méfiera du carré maléfique et on affrontera les petites révolutions avec Pluton. On entendra aussi parler de ses anciennes vies aux échos troublants avec la présente, sans compter les oracles du Yi-King, art divinatoire millénaire qui répondra à ses questions avec sagesse. Trois ans pour écouter ces langues pleines de symboles, leurs clichés et même leurs avertissements. La narratrice entend des promesses, des paroles en l’air, mais aussi des emboîtements violents avec la vraie vie, celle de la maternité, des lieux où s’installer, et bien sûr de l’écriture. Au début, c’est une manière de feinter le récit de soi, de le laisser être tracé par d’autres. Mais elle se laisse prendre au jeu. Peu à peu surgissent ses propres voyances qui appellent à accepter les hasards bizarres et les tournants parfois indéchiffrables. Comme quoi une voyance attire une voyance qui en attire une autre qui… Ce pourrait être sans fin. Mais le présent va reprendre ses droits. Et le chemin finira par s’éclaircir.
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